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J’ai exploré Ristolas hors saison : l’humble pays des merveilles

J’ai exploré Ristolas hors saison : l’humble pays des merveilles

J’ai exploré Ristolas hors saison : l’humble pays des merveilles

J’ai exploré Ristolas hors saison : l’humble pays des merveilles

L’Echalp, la Monta, le Roux, Abriès, Ristolas… voltigeons ensemble en 11 photos et ressentis bruts, sur un microcosme grandiose lové au bout du bout du Queyras. C’est parti pour l’exploration !

Il fait bleu, il fait doré, il fait beau en ce 8 novembre 2023. Après une fin octobre rythmée par un carnaval d’or blanc sur les sommets, comme rarement aussi tôt ces dernières années, je profite d’une fenêtre clémente pour contempler les chemins et les pentes !

On démarre ce récit-photo par une vue sur Ristolas, sur le coup des onze heures, un petit 3°c bien corsé. L’église Saint-Marcellin à la façade un zeste décrépie reprend vie, ragaillardie face aux neiges infantiles qui lézardent jusqu’aux ruelles. En arrière-plan, le Vallon de Ségure est accessible aux beaux jours.

Après un petit encas, cap vers le bout de la Route, où je me retrouve nez à nez avec des mélèzes qui traînent la patte !

Oui, nous sommes le 8 novembre, et la végétation est en retard cette année. Une petite quinzaine de jours déjà que ces arbres sacrées du Queyras devraient se mettre à nue. Une éternité dans un cycle saisonnier. Le changement climatique est là. Un peu partout. Même ici à haute altitude.

Au Parking de l’Echalp, il ne faut que quelques mètres pour jouer à un puzzle géant. La nacre, le doré, l’ébène, le gris du Guil, les clairières, les bosquets, les orées, les lisières. Tout se mélange, s’arc-boute, se télescope dans un kaléidoscope de couleurs.

Ici, on se sent libre et protégé à la fois. On sent l’air de l’Italie à 1 kilomètre derrière les sommets. Et on imagine les conversations qu’il peut y avoir au delà, là bas, au loin, vers Pignerole, Turin et toutes les chaumes transalpines.

A quelques centaines de mètres en contrebas, je monte le petit chemin sans issue vers la Monta, un des derniers hameaux du coin, au lourd passé. En 1940, le fief a connu les affres de la guerre. 83 ans plus tard, subsiste quelques chaumières habitées, un gîte grandiose et l’Eglise Saint Laurent (voir photo ci-dessous).

Je sens ici le poids de l’histoire, des frontières, des destins à la fois succints et pérennes de ces villages du bout du Monde. Car nous sommes ici aux confins, à la fin d’une histoire, ou au retour à l’essence même d’un pays. A vous de voir.

Tout est calme. Tout est ancien. Mais tout est neuf. Tout est sauvage. Cela vous rappelle les paroles d’un certain Goldman. Et je me demande même si inconsciemment ce cher Jean Jacques n’a pas pensé au Queyras en écrivant « Là Bas ».

Alors au lieu de philosopher sur les standards de l’autoradio en 1987, revenons à l’aube de 2024, un peu plus au bas en altitude, pour piquer une tête dans les ruelles d’Abriès.

Novembre est très zen ici. Quelques boutiques tiennent le haut du pavé, et quelques habitants et flâneurs me sourient. On se sent comme sur une île portée par les remous des montagnes, avec tout le nécessaire pour survivre. Et même mieux vivre qu’ailleurs.

Des ruelles en bois flotté, aux torrents comme celui du Bouchet vers le Hameau du Roux.

L’immersion hors saison dans le Queyras est une aubaine, une fantaisie à s’offrir une fois dans sa vie. Pour renouer avec l’essentiel, le vital, la simplicité. Comme les 2000 âmes qui parsèment à l’année, ces ancestrales et accueillantes vallées.

L’après midi à peine effeuillée, les lumières se tamisent déjà, le mois de novembre aidant les bourlingueurs à choisir les matinées plutôt que les encas de seize heures. Quoique. Il est seize heures, et je perçois une sublime émotion à ma portée.

La mélancolie heureuse. Un nouveau jour est sur le point de nous quitter, englouti dans le temps qui passe. Et cette pensée, je l’ai face à ce décor immuable, qui restera bien après nous sur cette planète. Alors, je respire à plein poumons.

Je capte chaque seconde, à la lumière des sépias plus sombres qui tremblent de froid et de bonheur.

Voir ces crépuscules qui sculptent sur les hauteurs, des quartiers de mandarines étalées de tous leur long. Alors qu’au dessous, le bleu virtuose enrobe déjà les patelins du Queyras.

J’imagine tout ceux qui un jour auront la chance comme moi, d’arpenter ces chemins hors saison. Peut-être vous. Je vous le souhaite de tout cœur.

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